mardi 12 mai 2009

Vivent les sociétés endettées !

En règle générale, il est préférable d’éviter comme la peste les sociétés endettées. Au moindre accroc, leur cours de bourse s’effondre et meurtrit durablement la performance de votre portefeuille.

La situation actuelle pourrait constituer une exception à cette règle, pour trois raisons :

- D’abord, les cours des sociétés lourdement endettées se sont déjà lamentablement effondrés, limitant les risques de mauvaise surprise,

- Ensuite, le cycle du cash ne suit pas toujours le cycle des résultats : un certain nombre de sociétés génèrent beaucoup de trésorerie en phase de contraction de leurs résultats, dans la mesure où elles compriment leurs investissements et leur BFR,

- Enfin, la baisse récente des taux d’intérêt est une bénédiction pour les sociétés endettées, qui verront leurs charges financières décroître substantiellement en 2009 par rapport à 2008.

Tout en restant excessivement prudent, on peut donc se risquer à mettre quelques sociétés endettées dans son portefeuille, afin de tirer parti de ces trois facteurs.

Deux suggestions d’investissement :

1) Compagnie des Alpes (remontées mécaniques, parcs d’attraction) :

Le cours de bourse est au plus bas, reflétant des inquiétudes sur les résultats (fréquentation des stations de ski, panier moyen dans les parcs d’attraction) et une dette très lourde (563 M€ à la fin de l’exercice 2008, soit 3,3x l’EBITDA).

Toutefois, la franchise est solide (1er opérateur mondial de domaines skiables), la dette devrait baisser substantiellement dans les prochains exercices (baisse des investissements, cessions d’actifs) et le groupe est contrôlé par l’Etat français par l’intermédiaire de la Caisse des dépôts (ce qui exclut un dépôt de bilan).

Enfin, 30% de la dette est à taux variable et devrait donc bénéficier de la baisse de l’Euribor (1,7% aujourd’hui, vs. 5,5% en octobre dernier).

2) Touax (location de containers maritimes, de structures modulaires, de barges fluviales et de wagons) :

La crise du secteur du transport, en particulier du fret, met sous pression les rendements locatifs du groupe (baisse des taux d’utilisation, baisse des prix) et rend plus difficile la cession de matériels à des investisseurs extérieurs.

La dette est particulièrement lourde : 262 M€ fin 2008, soit 4,9x l’EBITDA.

Mais les investissements ont également vocation à se contracter en 2009 et 2010, alors que, dans le même temps, le BFR devrait se dégonfler par rapport à une situation très défavorable fin 2008.

Plus de 60% de la dette est à taux variable, ce qui devrait fortement bénéficier au groupe en 2009.

Enfin, le groupe fonctionne sur des contrats locatifs à 3/5 ans, ce qui assure un certain degré de visibilité dans la phase actuelle de récession.

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