lundi 3 août 2009

Se préparer à la déflation

(Retour à Paris... et donc retour des articles économico-boursiers très chiants !)

La déflation, c’est la baisse conjuguée de tous les prix (prix à la consommation, prix à la production et prix des actifs) pendant une période prolongée.

C’est une bombe nucléaire économique : les ménages reportent leurs achats et les entreprises reportent leurs investissements. Chacun s’assoit sur sa pile de cash, dans l’attente de prix plus bas…

Bref, l’économie s’affaisse misérablement, parfois pendant plusieurs dizaines d’années (Etats-Unis entre 1873 et 1896, Japon dans les années 1990 et 2000).

Le seul remède connu est la dépense publique. La politique monétaire est inopérante dans la mesure où les taux ne peuvent être abaissés sous 0%.

Et si… et si… et si nous étions tout proches de basculer dans une nouvelle déflation ?

Pensez-y : l’indice des prix à la consommation a marqué un recul annuel de 0,6% en Europe en juin et de 1,7% aux Etats-Unis ; les entreprises sont de plus en plus nombreuses à baisser les prix pour stimuler une demande déprimée (quelques exemples de secteurs affectés : distribution alimentaire, transport aérien, hôtellerie, restauration, automobile, textile, etc.).

Dans le même temps, la montée du chômage, conjuguée à un niveau d’endettement élevé (en particulier aux Etats-Unis), incite les ménages à privilégier l’épargne à la consommation. Les entreprises réduisent leurs investissements pour se prémunir d’une conjoncture incertaine.

Le choc (négatif) de demande est tel que les baisses de prix des industriels et les divers stimuli gouvernementaux ne parviennent pas à relancer de façon durable la consommation et l’investissement.

Pour se préparer au risque de déflation, 3 règles simples :

1/ Accumuler du cash, dont le pouvoir d’achat va mécaniquement s’apprécier avec la baisse des prix,

2/ Fuir les actions et l’immobilier,

3/ Eviter de s’endetter, en particulier à taux fixe.

Investir en obligations peut être intéressant, mais il faut faire très attention au risque de contrepartie : en déflation, même les emprunteurs les plus sûrs peuvent souffrir et, éventuellement, faire défaut.

Quelques secteurs très particuliers de la cote boursière peuvent également être intéressants.

Les télécoms par exemple, dont les prix sont fixés à l’avance par des contrats relativement longs (12/24 mois). Encore faut-il toutefois que l’opérateur choisi présente un bilan sain (pas trop de dette et des taux flottants). On pourra détenir du Vivendi Universal (grande capi) ou de l’Outremer Telecom (petite valeur).

La réassurance dommages peut bénéficier de la baisse des prix, en particulier sur les branches longues. Les sinistres sont en effet payés plusieurs années après l’encaissement de la prime : si les prix baissent, les décaissements en cas de sinistre ont de bonne chance d’être minimisés, accroissant la rentabilité du réassureur. On pourra acheter des titres Hannover Re par exemple.

Enfin, les énergies renouvelables sont un bon secteur dans la mesure où la plupart des contrats bénéficient de tarifs garantis par l’Etat pour des périodes souvent supérieures à 15 ans. Séchilienne Sidec est un titre intéressant, bien qu’un peu cher.

2 commentaires:

  1. Je penchais jusque récemment pour l'inflation, mais je penche maintenant pour la déflation. Aux US, je pense que tout dépend de l'évolution du dollar. Clairement, nous n'aurons pas d'inflation tirée par le crédit avant longtemps, mais une baisse de confiance dans la capacité du govt américain à réduire ses déficits pourrait conduire à une baisse du dollar et à une inflation tirée par les prix à l'import, en tout cas aux US.

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  2. Je te conseille de jeter un oeil sur les tableaux suivants, qui présentent l'endettement des acteurs de l'économie américaine.
    http://www.federalreserve.gov/releases/z1/Current/z1r-2.pdf

    L'encours total de dette a doublé entre 1998 et 2008. Il représente un petit 34 trillions de dollars.

    Va falloir serrer quelques crans de ceinture pour rembourser...

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