samedi 12 septembre 2009

Take the money and run

Il existe plusieurs signaux qui laissent penser que le rebond du marché boursier est allé un peu vite en besogne :

- Les marchés boursiers occidentaux ont gagné plus de 50% depuis le 9 mars 2009, un mouvement sans précédent par son amplitude et sa rapidité depuis la seconde guerre mondiale.

- Les actifs « risqués » ont surperformé les actifs « défensifs » : les petites capitalisations, peu liquides, ont gagné 66% depuis leur point bas de mars, contre 51% pour le CAC 40 ; parmi les plus fortes hausses des six derniers mois, on retrouve beaucoup de sociétés en difficultés financières (pertes, lourd endettement, etc.) telles que Rhodia (+269%), Plastic Omnium (+243%), Manitou (+237%) ou Natixis (+209%).

- L’économie est plus dopée qu’un coureur du tour de France : taux de refinancement proches de 0% ; primes à la casse ; aides aux primo-accédants ; mesures « non conventionnelles » des banques centrales ; dépense publique. Qui peut penser que ces mesures sont soutenables alors que le déficit des administrations françaises atteint 109 Mds€ fin juillet (à comparer à 56 Mds€ pour l’ensemble de 2008 et 36 Mds€ en 2007) et que les Etats-Unis ont vu leur déficit public tripler pour atteindre 1 378 Mds$ fin août ?

- Les déséquilibres générés par plus de dix ans de liquidités abondantes sont loin d’être résorbés : surendettement des ménages ; persistance de risques de crédit élevés sur les entreprises (LBO en particulier), les financements immobiliers et les titrisations ; secteur bancaire toujours fragile (92 faillites bancaires aux Etats-Unis depuis le début de l’année).

- Les mouvements sont de plus en plus violents : sur un mois, 28 sociétés du SBF 250 ont gagné plus de 20% et 7 ont progressé de plus de 40%.

- Le sentiment de marché est passé d’un pessimisme absolu, confinant à la dépression, à un optimisme béat. Début mars, voici les titres que l’on pouvait lire dans les Echos : « Bourse : les marchés s’enfoncent dans la déprime » (1er mars) ; « Les bourses européennes au plus bas depuis 2003 » (2 mars) ; « Nouveau coup de tabac sur les places boursières » (3 mars). Début septembre, le ton a changé et la « reprise » est partout (« Regain d’optimisme sur la croissance française » daté du 9 septembre, « Le CAC 40 se hisse au plus haut de l’année » lit-on le 10 septembre).

La peur, omniprésente en mars 2009, a de nouveau laissé place à l’avidité. Il faut dire qu’il est tentant de se laisser porter quand le marché aligne 5 ou 6 séances de hausse consécutive, avant de respirer une à deux journées, pour repartir de plus belle.

Pourtant, une question s’impose : qu’aurais-je fait si, le 9 mars 2009, alors que le CAC 40 cotait 2 465 points, on m’avait proposé de me racheter mes titres en septembre 2009 avec une prime de 50% ? Nul doute que, pour ma part, j’aurais tout vendu.

Entretemps, le miracle s'est produit et la bourse a repris 50%. Il y a 6 mois, j’aurais tout vendu à ces cours là. Qu’est-ce qui m’empêche de le faire maintenant ? Rien en vérité, sauf la tentation de gratter quelques petits pourcents en plus…

Tentation contre laquelle il faut énergiquement résister, quitte à manquer la dernière phase de progression d’un marché brutalement haussier. Bien sûr, quelques titres ici ou là restent intéressants et méritent d’être gardés en portefeuille (voir la chronique précédente sur UFF). Mais, pour l’essentiel, il est plus que temps de retirer l’argent de la table : take the money and run…

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