dimanche 26 juillet 2009

Philadelphie : le début ou... la fin de la démocratie américaine ?

Philadelphie, 6ème ville des Etats-Unis, est aussi le berceau de la grande démocratie américaine.

C'est ici, le 4 juillet 1776, que fût signée la déclaration d'indépendance américaine.

C'est ici également que fût adoptée la constitution américaine, en 1787.

Philadelphie a enfin été capitale des Etats-Unis d'Amérique entre 1790 et 1800.

Alors, quand on visite l'Independence Hall, qui a vu la signature des deux documents clé de la nation américaine, le ranger chargé de la visite déploie ses talents de narrateur.


Avec des trémolos dans la voix, il fait revivre les héros d'alors : Jefferson, Washington ou Franklin. Messieurs-dames, soyez fiers d'être les héritiers de ces grands hommes et de faire partie de la grande démocratie américaine ! Au musée dédié à la Constitution américaine, on en remet une couche : dans un spectacle son et lumière assez grandiose, on retrace la guerre contre la puissance coloniale, les débuts de la démocratie, la guerre civile et autres moments clé de l'histoire américaine.

Encore une fois, l'émotion est intense et vous conduit à penser : « Ah, qu'est ce que c'est bien la démocratie américaine ! ».

Et puis on sort de ces grands lieux de mémoire et on retrouve la ville. Une ville un peu étrange où blancs et noirs semblent se partager le territoire : le Sud et ses rues bourgeoises pour les blancs; le Nord et ses galeries commerciales glauques pour les noirs.

Au Nord se trouve aussi le musée afro-américain de Philadelphie, dédié à la vie des Noirs de la cité entre 1776 et 1876. Il compte 3 salles, ni plus ni moins. 95% des visiteurs sont noirs et... on offre des tests VIH au dernier étage.

Derrière le musée, on "célèbre l'Afrique" avec un concert... dans un parking. Dans les rues de "Philly", on croise beaucoup de gens désoeuvrés : il est plus de 21h quand un couple avec un enfant (blancs) nous demande quelques dollars pour « rentrer chez nous dans le New Jersey ». La mère fond en sanglots quand Maha lui donne un billet.

Dans les journaux, on ne parle que de ce professeur de Harvard, noir, qui s'est fait menotter et emmener au commissariat, alors qu'il essayait de pénétrer dans son domicile. On apprend dans les divers articles que plus de 70% des contrôles d'identité et des fouilles aux Etats-Unis concernent des Noirs et des Latinos.

Quant à la loi sur la Sécurité sociale, véritable machine à redistribuer, elle suscite d'énormes controverses : selon un sondage, 80% des américains refusent de payer plus d'impôt pour financer le système d'assurance santé.

Bref, pour savourer la démocratie américaine, à Philadelphie comme ailleurs, il vaut mieux être blanc, riche et bien portant que noir, pauvre et malade...

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