mardi 17 février 2009

Australinistrose

C'est la crise en France...

Et bien, en Australie, c'est pas vraiment mieux.

Peut-être même pire : alors que nous avons l'habitude des croissances anémiques et du chômage de masse, l'Australie en fait vraiment la découverte après 15 ans de croissance forte (portée par la Chine et les matières premières) et de plein emploi.

L'équation est simple : les principaux secteurs de l'économie australienne sont tous en récession.

Les mines bien sûr, écrasées par la baisse des cours des matières premières et un endettement excessif (plusieurs petites mines ont fait faillite et Rio Tinto, gigantesque compagnie minière australo-britannique, a dû rechercher le secours d'une société chinoise pour éviter de subir le même sort).

L'immobilier ensuite, qui subit le contrecoup des années de bulle.

Le tourisme et l'éducation, deux énormes pourvoyeurs de devises pour le pays, sont en net recul (le nombre d'étudiants étrangers en Australie est en baisse de plus de 5% sur un an).

Et le secteur financier périclite sous le poids d'une recrudescence sans précédent des faillites d'entreprises (promoteurs immobiliers en particulier).

Résultat, le nombre de chômeur est attendu à 1.2 million au milieu de cette année (contre 0.5 million mi-2008), le dollar australien est au plus bas et la croissance économique est attendue négative en 2009.

Dans le secteur financier, on nous a dit que des milliers d'australiens expatriés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Asie revenaient chaque semaine dans la mère patrie, faute de boulot à l'étranger. Cela dérègle un peu plus un marché du travail déjà très tendu.

Les français qui cherchent un petit boulot pour financer leur voyage n'en trouvent plus, ou alors à des conditions vraiment scandaleuses : travail non rémunéré avec juste le gîte et le couvert pour compenser plus d'une vingtaine d'heures de travail hebdomadaire... Dans les bonnes maisons, le jeune travailleur pourra toutefois se consoler avec un accès à volonté et grâcieux à la tireuse à bière !

La seule proposition de job que nous ayons vue dans un commerce concernait un poste de serveur en plein milieu du désert (pas un "buddy" à 100 km à la ronde), dans un « road-house » (sorte de station-service / restau routier) totalement pommé et submergé par des nuées de mouches. Gloups...

Le gouvernement Rudd a mis 42 milliards de dollars australiens sur la table pour stimuler l'économie, à peine moins que le plan de relance de N. Sarkozy (26 milliards d'euros), alors que le pays est trois fois moins peuplé (21 millions d'habitants). Ici, ils appellent le premier ministre « la Rudd Bank » et les caricaturistes le représentent parfois sous la forme d'un distributeur de billets...

Comme les ménages ont peu épargné pendant les années fastes et que les structures de protection sociales sont peu développées, le choc est très très rude.

Pas d'abattement toutefois : les gars font le gros dos, ceux qui ont un travail s'y accrochent comme des morts de faim, réduisent les dépenses discrétionnaires et essaient d'assainir le bilan de la famille. Les Australiens sont de vrais anglo-saxons !

Bref, à tous ceux qui contemplaient l'idée de venir s'installer en Australie et/ou voyaient ce pays comme une terre de cocagne, attendez un peu, c'est pas le moment d'émigrer.

Biz depuis Frazer Island, au large d'Hervey Bay, un endroit enchanteur même si la pluie nous a gâté notre premier jour de visite...

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